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dimanche 4 mars 2018

Laurence Brunelle-Côté et Chloé Surprenant

La nuit semble être tombée sur les représentations positives du désir et du plaisir sexuel, grugées par les rapports de pouvoir, les marques de la violence et leur dénonciation. Certains pourraient penser que «le party est fini» mais en fait c'est bien pire que cela: il n'y a, en réalité, jamais eu de party. Pas encore mort apparaît dans ce contexte comme un diamant noir. Le désir féminin y est cru et sauvage, violent mais souverain. La poésie de Laurence Brunelle-Côté se réapproprie les codes masculins du romantisme bucolique qui projette le sujet sur le paysage. Elle fait mine de cannibaliser tout le territoire dans la pulsion dévorante de son sexe, mais ce n'est que pour révéler à quel point il est en ruines, fait de routes jonchées d'animaux morts parcourues à 150 dans « le noir des corbeaux ». Les voitures sont des carcasses de rouille et de corps trempés de cyprine. Au fil des pages, le texte se renverse à l'horizontale puis revient à la verticale comme si la lecture elle-même était emportée en tonneaux dans le fossé. Ces paysages noirs, sales et flous, Chloé Surprenant les représente en photos et en textures. Et tout au long du recueil, d'innombrables pylônes, poteaux et fils électriques rayant les arbres de lignes noires. Cet imaginaire obsédant prend son sens au dernier vers du recueil seulement, révélant qu'au final, on ne part jamais complètement, on reste "scotchée là, comme coincée entre les rayures".

Laurence Brunelle-Côté et Chloé Surprenant, Pas encore mort, Rodrigol, 2017 

Le gala a lieu dimanche le 18 mars à la Sala Rossa

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